François Capeline, mythique paton de l'Ane Gris de Riom (63)
Alors toi aussi tu es parti rejoindre les Grands Indiens! On m'a appris ça hier, et d'abord je n'y ai pas cru, j'ai vérifié sur le web. Qu'est-ce qui t"a pris? L'article ne dit pas comment tu es parti.
On allait chez toi pour vivre deux heures de plaisir. On allait chez toi, ne sachant pas comment tu allais nous accueillir. En nous reprochant d'être en retard? D'avoir retenu trop tard? De t'avoir boudé? En attirant l'attention de toute la salle sur notre entrée? On allait chez toi pour t'entendre grogner, rouspéter, interdire l'entrée aux malvenus, rugit quand tu voyais quelqu'"un sortir un portable, "pas de ça chez moi", et l'amener sur le trottoir plus ou moins vivement. On allait chez toi pour sourire devant les clients entrés par hasard stupéfaits et inquiets de se faire traiter comme ça, puis changer de mine et sourire en goûtant leur assiette, parce qu'on allait aussi chez toi pour la bonne bouffe. On allait chez toi pour oublier pendant deux heures nos malheurs et nos drames, toi qui cachais si bien les tiens sous ton grand rire et tes coups de gueule. On allait chez toi sachant que tu savais aussi écouter, comprendre à la micro-seconde, ne pas oublier, et quand ça n'allait pas, que la vie était trop dure ce coup là, ton regard suffisait à nous tenir la main et ravaler nos larmes.
Tu ne diras plus "je ferme l'an prochain", tu n'iras pas prendre ta retraite en Vendée, tu t'en vas trop tôt, tu peux être content de toi, je crois que nous serons des milliers à penser "tu nous a tant apporté". Bon voyage à toi.