" Tu étqis une guerrière...tu nous as donné la force...maintenant tu voles, comme tu le voulais..."quelques uns mots entendus à l'incinération de mon amie. Guerrière, croqueuse de vie, militante tout le temps, et ces dix dernières années militante aussi pour résister à cette maladie rare et aider les autres à y résister. Triste de te voir partir, heureuse de te savoir en paix, accompagnée pour ton départ de mots qui te décrivent si bien.
ne autre amie, guerrière elle aussi, va partir bientôt. Elle est prête, sereine, et j'espère que nous aurons encore le temps de partager un fou-rire.
Mes amies partent tôt, quand même, et je suis un peu morose, un peu jalouse peut-être. J'ai encore à faire ici, sans doute, et je lm'en plains parfois. Etre sur-sollicitée alors que je vais dans quelques mois prendre ma retraite, que depuis un an je transfère ce que je peux, m'interroge. Juste eu le temps aujourd'hui de m'arrêter un quart d'heure pour avaler une quiche et boire un café, mais j'ai vu des hommes merveilleux. Ce papa qui fait trois heures de route très vite pour ne pas rater notre rendez-vous et que je vois son garçon, muet, nourri artificiellement, mais si heureux dans les bras de son père qui lui construit des engins extraordinaires pour qu'il profite de la vie. Cet homme qui depuis sept ans accompagne sa femme devenue démente qui se perd petit à petit dans un nuage inaccessible. Que nous sommes fragiles, et que nous sommes géniaux!
Un peu morose donc, de voir ignorer ces merveilles, quand on nous bassine avec l'exemple d'une poignée de crétins (et, pire, aussi de crétines) qui ressortent les vieilles litanies contre les femmes et voudraient interdire à l'école de lutter contre les stéréotypes . Pauvres types! Si leur virilité se situe dans l'habillement et le goût des voitures, ils n'ont pas dû atteindre souvent le plaisir. Pauvre société qui les met à l'honneur.
Un peu morose, j'allume la radio, et chance, une rediffusion d'émission consacrée à la grande, la très grande Charlotte Delbo. Quel plaisir d'entendre sa voix gouailleuse à l'accent de mon enfance, nous parler de la chance qu'elle a eue d'apprendre dans les camps de la mort ce que l'humain a de pire et ce qu'il a de meilleur, de miser sur ce meilleur. Je crois bien me répéter, lisez Charlotte Delbo, mes soeurs, vous prendrez un bain de poésie et de confiance.