" L' homme artificiel, le demi-dieu de l'an deux mille sera-t-il véritablement plus heureux que nous?
Le but suprême de la vie étant le bonheur, la science entreprend d'imposer à l'humanité un bonheur obligatoire. Le premier stade est l'abrogation du malheur.
le malheur? C'est une situation précaire, subalterne, un mal incurable qui guette, un amoindrissement physique irrémédiable, des soucis ou des deuils familiaux, l'insécurité personnelle ou sociale, des échecs. Qu'importe, si le médicament miracle est là.
Un opium, un haschich, une cocaïne sans effet pernicieux apparent, un tonique, autorisé et même - pourquoi pas? - imposé à la façon du bropmure dans le vin des casernes : voilà le bonheut à la portée de tous. Il suffit pour cela que les gouvernements ptennent le monopole de certains produits.
Ainsi naîtra peut-être l'homme robot, s'écartant de son destin naturel et soumis à devenir strictement réglé, épousant la politique, adoptant les jugements dictés. Il est possible que ce bonheur soit une victoire, mais une victoire inquiétante"
Charroux, 1963